Essai sur ma miserable personne...

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ESSAI SUR MA MISÉRABLE PERSONNE…

Je sais que je me répète et que je peux donner l'impression de rechercher de l'attention en écrivant ce genre de message, mais j'ai juste de besoins de me vider le coeur...

Récemment, un bon ami à moi m'a annoncé qu'il était maintenant en couple.  Bien que je sois très heureux pour lui, je me vois encore être témoins d'un bonheur auquel je n'ai pas droit.  Bon, ce n'est pas un secret, je suis si laid, si moche et si gros qu'on peut à peine dire que je peut, dans certaines limites, être considéré comme un membre du genre humain.  Je me suis donc aperçus, d'une part, que les gens (ou plutôt les choses ou les êtres) comme moi n'ont pas droit d'avoir une famille et, d'autre part, ma vie telle qu'elle est en ce moment ne vaut, à mes yeux, pas vraiment grand choses.

Bon, je vous rassure tout de suite.  Je n'ai absolument pas l'intention de mettre fin à mes jours.  Tout d'abord, je n'ai même pas le courage suffisant pour passer à l'acte, mais, en plus, je ne crois pas que ma misérable personne ne soit suffisamment importante pour qu'il soit justifiable de perdre du temps pour abréger mes souffrances.

Cela étant dit, je me permet un petit historique.  À sept ans, j'entre dans une nouvelle école et je suis très loin d'être bien accueilli par mes camarades.  On a commencé à me battre, me voler mes effets scolaires et à me traiter de noms.  Je me rappelle encore du premier qu'on m'a donner : "gros pot de miel".  Ironiquement, à l'époque, j'étais mince et très actif.  Mais mes camarades voulaient avoir un petit gros pour le démolir et ils ont décidé que ça serait moi.  Comme certains d'entre eux habitaient juste en face de chez moi, je ne pouvais plus sortir de ma maison sans me faire harceler pour un oui et pour un non.  J'ai donc arrêté toute activité extérieur et j'ai grossi jusqu'à devenir le monstre que je suis devenu.

En parallèle, mes notes avaient baissé à cause d'un problème de vue.  La direction de l'école avaient alors flairé la bonne affaire : un déficient mental leur donnerait une jolie subvention gouvernementale et il suffisait que mes parents signent un papier qui leur permettaient de me mettre dans une classe spéciale pour élèves ayant des troubles d'apprentissage.  Comme mes parents travaillaient tous deux dans le domaine de l'éducation, ils savaient que d'être dans une telle classe allait m'empêcher d'aller dans une école secondaire normale et, par conséquent, d'accéder à des études supérieur.  Ils ont donc refusé et mon professeur (et la direction) ont décidé que s'ils ne me plaçaient pas dans cette classe, ce serait moi qui insisterait pour y être placé.  J'ai été battu par mon prof et les surveillants fermaient les yeux sur les mauvais traitements que je recevait dans la cours de récréation.

J'ai subit ce genre de chose jusqu'à mes 18 ans, année où j'ai commencé mes études post-secondaire.  Pendant ces onze années, je crois que j'ai tout subit : vols, coups, violence verbale, lettre de menace livrées à domicile, menaces de mort, cyberintimidation…  Bref, j'ai tout subit à l'exception de la tentative de meurtre et le viol.  Pour ce dernier cas de figure, j'imagine qu'on ne voulait pas me gratifier d'un contact humain ou que j'étais tout simplement trop laid pour qu'on puisse s'intéresser à moi.  Même récemment, j'ai appris que certaines personnes me détestaient suffisamment pour tenter de m'empêcher de trouver du travail dans mon domaine et me bloquer dans mon industrie.

Toujours est-il qu'on m'a tellement démoli au fil des vingt dernières années qu'aujourd'hui, il ne reste virtuellement plus rien de moi.

Je ne peux simplement pas croire qu'autant de personnes m'ont détesté et fait du mal sans raison.  En fait, une personne peut facilement avoir tort, mais une dizaine…  Une centaine…  Qui sait, peut-être un millier?  C'est difficile à croire.  Après réflexion, je trouve qu'ils avaient fort probablement raison : je suis moche, agaçant, narcissique, arrogant, prétentieux (imaginez, j'ai déjà pensé être un véritable être humain)…  C'est donc ainsi que j'en suis venu à retrouver chaque matin dans le miroir la personne que je déteste le plus.  En plus, ce pauvre abrutit semble décidé à me faire souffrir à grand coup de petites crisettes d'espoir pendant lesquels il oublie qu'il n'a pas droit à l'amour et au bonheur.  Imaginez un peu ce que je ressent quand, pendant une courte période, j'arrive à me convaincre que, peut-être, avec beaucoup de chance, je pourrais trouver une fille qui puisse être suffisamment désespérée pour accepter de m'endurer ne serait-ce que quelques jours.  Puis, je me rend à l'évidence : personne ne peut aimer un monstre tel que moi.  Alors, je passe les jours suivants à pleurer et à me sentir tellement misérable que je n'arrive plus à faire quoi que ce soit, mais cette fois, c'est terminé.  Je suis motivé à tout faire pour me rentrer dans la tête que ce bonheur m'est interdit.  Je ne sais pas combien de raclée je devrai me donner, mais je n'arrêterai pas tant que je n'aurai pas compris.

Imaginez ce qu'on retend quand la personne qu'on retrouve dans le miroir chaque matin nous déteste suffisamment pour nous foutre une baffe…  Pour vous donner une idée, la première fois où ça m'est arrivé, j'ai pleuré pendant des heures.

Malgré tout, c'est loin d'être ce qui me fait le plus souffrir.  Toute ma vie, même dans les périodes les plus difficiles, je me disais qu'un jour j'aurais quelqu'un dans ma vie, qu'enfin j'aurais droit à un peu d'amour plutôt que de la haine.  Je rêvais d'avoir une famille, des enfants…  J'en aurais voulu trois…  Mais maintenant, il me faut faire mon deuil de tout ça.  Je sais maintenant que je suis condamné à rester seul.  Et c'est ça qui me fait le plus de mal.  C'était mon ultime rêve…  La seule chose à laquelle je pouvais me raccrocher et, maintenant, je n'ai plus rien.

Parfois, dans le bus, après une longue journée, il m'arrivait de m'effleurer la joue en me demandant ce qu'on pouvait ressentir quand quelqu'un d'autre nous gratifie d'un tel cadeau.  Maintenant, je ne peux même plus le faire sans me mettre à pleurer.  Même ce petit instant de rêverie m'est maintenant interdit.

Pendant des années, j'ai tenté de me débarrasser du surpoids qu'on m'a imposé à sept ans sans vraiment me demander pourquoi je le faisais.  Peut-être est-ce que cela augmenterait mes chances avec les filles?  Même mince, je resterait un monstre.  Au moins ça améliorerait ma santé…  Pour être honnête, je ne crois plus que cet argument vaille la peine : si je dois vivre seul, triste et misérable pour le restant de ma vie, je prie le ciel pour que celle-ci ne soit pas trop longue.  Je me demande donc s'il n'est pas contradictoire d'alors tenter d'améliorer ma santé.  

Quand on y repense, tous les jours, je suis affamé à force de surveiller mon poids et tous mes efforts sont ruinés par mes horaires qui me forcent à manger tard et, trop souvent, la seule nourriture à la quelle j'ai accès est mauvaise pour la santé.  (Le seul resto qu'il y a dans le coin de mon université, c'est McDonald.  Alors soit je mange un truc là bas (chose que j'évite) soit je soupe en rentrant chez moi à 23h00 ce qui nuit beaucoup à ma perte de poids.  Et tout ça pour quoi au fond?  Être plus beau?  On aurait beau recouvrir un tas de merde d'or et de diamants, ça restera toujours un tas de merde.  Avoir une meilleure santés?  À quoi bon si c'est pour être triste et seul plus longtemps?  Tout ce que ça pourrait m'apporter, c'est de finir seul et oublié de tous dans une maison vide empestée de mon cadavre resté là trop longtemps.  Quelle belle fin à mon histoire : la disparition pitoyable d'un restant d'homme misérable.

Je sais que tout ça semble être le discours d'un type en dépression, mais j'ai tenté de consulté et je ne suis pas en dépression.  Enfin, pas assez pour qu'on me donne accès à de l'aide.  Je pourrais payer pour consulter un psy, mais j'ai pas les moyens et, de toute façon, on m'a confirmé que je n'étais pas en dépression.  Par conséquent, tout ce que je vis peut-être décrit comme une vision parfaitement lucide des choses.  J'ai simplement arrêté de me cacher la tête dans le sable...
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DameOdessa's avatar
Je ne t'ai jamais "vu"... Mais je sais ce que je "ressens"... Outre le fait que tu es un artiste admirable, tu es une "bonne" personne.
Pour moi c'est tout ce qui compte... J'ai simplement envie de rencontrer des gens qui me font sourire et qui me font me sentir bien :) C'est le cas avec toi.

Le seul "tort", le seul "problème" que tu as, ce n'est ni ton poids, ni ton physique... c'est ton manque de confiance et d'estime de toi. Je sais que ces gens ont réussi à te démolir. Je sais tout ce que tu ressens parce que je passe par là tous les jours. Mais une fois, une seule, retourne toi sur ton parcours, objectivement, sans penser à leurs mots: et tu verras certainement que tu as réussi des choses, que tu as triomphé d'épreuves. Qu'il y a des actes dont tu peux être fier! Ouvre les yeux sur toi, même si c'est difficile, crie un bon coup, respire à fond... Et avance en laissant tous ces connards derrière toi! Ils ne méritent même pas la moindre petite attention de ta part, ils ne méritent pas que tu sois angoissé à cause de leur vilénie!

Le monde est fait de gens idiots, arrogants, cruels qui écrasent les autres et se hissent dans la société grâce à leurs manigances; et de personnes comme toi qui ont une réelle gentillesse mais ne sont pas capables de la voir eux-même :) Alors à nous qui la voyons chez toi, fais nous confiance. Tu es quelqu'un pétri de qualités. Et ça ça les emmerde! Et bien enfonce les encore un peu plus dans leur merde avec un beau sourire, montre leur que tu es capable d'y arriver à ton rythme, comme tu le sens, en étant toi-même :)

Quant au physique... ce n'est rien... tant que tu n'as pas de sérieux problèmes de santé, pourquoi t'en inquiéter ? Tu crois que les mannequins dont on nous abreuve c'est la vraie vie ? Sors dans la rue reste 10 minutes à la terrasse d'un café et à la fin tu vas te dire "mais... je suis normal!?"
Après, si tu as besoin de reprendre le "contrôle" sur ton corps, un peu de marche, une alimentation un peu plus équilibrée ça suffit! Pas de chirurgie, pas de régime, je t'assure, avec un bon mental et juste ces petits efforts, tu vas vite voir l'aiguille de la balance flancher ;)

Prends soin de toi, tu mérites vraiment le meilleur:hug: